La rencontre avec le jury de russe, qui s’est tenue le 20 novembre 2020 par visioconférence, a réuni 8 personnes : la présidente du jury Madame Gayaneh Armaganian-Levu, le 2e membre du jury Madame Laetitia Decourt, L’Inspecteur Général de russe Monsieur François Laurent et 5 enseignants de russe.
Plusieurs sujets ont été abordés : premièrement, la notation adoptée pour l’Epreuve commune reste inchangée, à savoir 50% pour la partie version et 50% pour le commentaire dont la moitié correspond à la maîtrise de la langue. Les collègues présents jugent les notes obtenues par leurs élèves au concours 2020 majoritairement décevantes, compte tenu du confinement qui a précédé le concours. Les professeurs soulignent la progression importante des élèves qui partent souvent d’un niveau rudimentaire obtenu en LV3 au lycée. Il en découle l’impossibilité d’atteindre la maîtrise parfaite de la langue, même pour les meilleurs d’entre eux. Malheureusement, les enseignants ont une impression pénible de se heurter à un mur. En effet, le jury reconnaît les difficultés rencontrées par les préparateurs, admet la baisse générale du niveau scolaire, reconnaît le travail accompli par les préparateurs : cependant, il oppose un refus net à la proposition de choisir des textes davantage en adéquation avec le niveau réel des candidats (comme cela se pratique en chinois, en hébreu ou en arabe) ou à la demande d’adapter l’évaluation des copies à la réalité du terrain.
La question est posée sur l’écart très significatif entre les notes obtenues en spécialité à l’ENS de Lyon et en option à l’ENS d’Ulm pour certains candidats (18 à l’épreuve de traduction à Ulm et 11 en thème à Lyon pour l’un, 12 à Ulm et 6.5 à Lyon pour un deuxième candidat). Le jury commence par énumérer les fautes grammaticales relevées afin de démontrer le bon fondement des notes attribuées, puis clôt ce dialogue de sourds en admettant qu’il serait intéressant de demander aux élèves de consulter leurs copies afin de mieux comprendre cet écart.
Un professeur observe que le russe s’avère être l’épreuve la plus rédhibitoire du concours : un candidat francophone qui fournirait un travail consciencieux en russe, ne peut escompter au mieux qu’une note de 11-12 avec 6-7 en version et seulement 2-3 en commentaire, ce qui le placerait en-dessous de la barre d’admissibilité. Le jury reconnaît la justesse de cette observation mais refuse de revoir ses exigences à la baisse.
En ce qui concerne l’épreuve de spécialité (thème), la même incompréhension empêche une réelle collaboration entre le jury et les préparateurs. Les textes choisis démontrent la volonté du jury d’aligner l’épreuve sur celle proposée par les langues européennes comme l’anglais, l’espagnol ou l’italien. Le jury semble ne pas tenir compte de l’impossibilité pour les élèves spécialistes d’effectuer dans les conditions sanitaires actuelles ne serait-ce qu’un court séjour en Russie pendant les vacances scolaires.
Un professeur résume son impression globale : d’après le discours du jury, seuls les candidats russophones (pourtant largement minoritaires dans les groupes des élèves russisants) seraient à même de réussir pleinement l’épreuve commune et l’épreuve de spécialité. Le jury rétorque que la version avantage généralement les francophones, semblant oublier que la note obtenue en thème à l’ENS de Lyon présente le coefficient 2 alors que la version ne représente que la moitié de la note de l’épreuve commune.
Pour conclure, Monsieur l’Inspecteur Général prend la parole pour souligner le rôle joué par la Russie sur la scène internationale ainsi que l’importance qu’attache le Ministère à la création d’un corps de spécialistes de russe formés en France. La réunion s’achève sur cette note d’encouragement.
Rédactrice du sujet, Marie Erastov