Compte-rendu réunion jury de chinois, ENS Lyon-LSH et Ulm, 22 novembre 2020

La réunion avec le jury de chinois des ENS Lyon et Ulm s’est déroulée ce vendredi. L’année
2020 a été faste pour suivre l’expression du président du jury : quatre admis sur liste
principale et deux sur liste complémentaire ; au total, cinq sinisants ont intégré l’Ens Lyon sur
concours à l’issue de la dernière session.
Cette rencontre était la première depuis deux ans. L’an dernier nous avions eu affaire à un
président « par intérim » qui n’avait pas jugé bon de nous convoquer, ni même de rédiger un
rapport, suite à une session catastrophique : la notation particulièrement basse n’avait permis
à aucun candidat de franchir la barre d’admissibilité.
Les excellents résultats de la session 2020 ne doivent pas masquer le fait que rien n’est acquis
en chinois. La discipline demeure très fragile, le recrutement en hypokhâgne difficile. On
constate des écarts de niveau importants entre les étudiants sinophones (au demeurant
minoritaires), ou les francophones qui ont suivi un cursus solide dans le secondaire et ceux
qui ont commencé le chinois en lv3 (un vivier indispensable dans notre discipline,
malheureusement mis à mal par les réformes récentes).
Comment dans n’importe quelle discipline, certains hypokhâgneux arrivent en cpge avec
l’illusion qu’ils ont un « bon niveau » en chinois et finissent par baisser les bras lorsqu’ils
sont confrontés à la réalité.
Les enseignants ont rappelé au jury que la préparation du concours en chinois exige un
investissement particulièrement important dans un laps de temps très limité. Certains
étudiants arrivent en hypokhâgne avec un bagage rudimentaire de 300 caractères et il est à
craindre que le niveau continue à baisser à l’avenir. Il faut en maîtriser au moins 1200 à
l’issue de la khâgne et en avoir abordé davantage, sans parler de l’acquisition du lexique
proprement dit formé à partir de la combinaison de ces caractères, d’une syntaxe redoutable
car particulièrement elliptique, des registres de langue etc.
Rédiger un bon commentaire en caractères exige des facultés de concentration importantes et
un véritable effort physique de la part des candidats, c’est ce qui a été rappelé aux membres
du jury.
Le chinois est une langue dont la maîtrise s’acquiert sur le temps long, mais le travail de
préparation en cpge souffre d’un volume horaire réduit par rapport à celui prévu dans les
textes officiels, au lycée Fénelon comme au lycée Henri IV qui fournissent l’essentiel des
candidats aux concours AL. D’autres cpge disposent de volumes horaires insuffisants pour
former des candidats « concourables » aux ENS. Les excellentes candidates recrutées cette
année – majoritairement francophones – étaient essentiellement des khûbes, qui ont eu la
possibilité de séjourner récemment en Chine pour certaines d’entre elles, ce qui est impossible

aux promotions montantes dans les conditions sanitaires actuelles, un handicap dont le jury
est pleinement conscient.
Lors de la discussion autour des sujets, les enseignants ont été unanimes sur la qualité du texte
de commentaire-version proposé cette année. Ce texte néoréaliste du début des années 80 était
long et particulièrement riche sur le plan lexical et civilisationnel.
En thème, le texte était un peu plus long qu’au cours des années précédentes. Il pourrait être
plus étoffé pour permettre une meilleure discrimination du niveau des candidats.
Le jury a rappelé la nécessité de proposer des extraits de très bonne tenue, qui ne doivent
céder en rien sur le plan de la difficulté littéraire et linguistique aux autres langues, et d’une
longueur conséquente. S’il n’a jamais été question d’adapter le niveau des épreuves, le jury
est pleinement conscient que les candidats de niveau bac plus deux sont encore en
apprentissage. Refuser de reconnaître cette évidence reviendrait à réduire à néant les chances
des aspirants potentiels et à fermer la section. L’éventail des notes (de 06 à 19 pour douze
copies dans chacune des épreuves) montre cependant le niveau d’exigence élevé requis en
épreuve de spécialité comme en épreuve de tronc commun.
Chacun espère enfin que les épreuves orales pourront se dérouler normalement en 2021. Les
enseignants ont attiré l’attention du jury sur la nécessité de proposer des textes de presse ou
des textes argumentatifs suffisamment riches et exploitables pour les candidats.

 

Rédacteur du rapport, Fabrice Dulery